Petit, je m’inquiétais :
On prend un caillou. Par jeu, on le jette, au loin.
D’accord mais, quand même, de quelle famille le sépare-t-on ?
Devenu grand, cette inquiétude est restée la même.
Pourtant, s’y est ajoutée une certitude glaciale :
Il en va donc des humains de la même manière.
Jetés, séparés, entrechoqués, humiliés. Aussi facilement que ça…
Et plus rien de poésie. Plus rien d’enfance.
Ici, toutes les images sont des écorchures.
Et ce sont d’autres cailloux qui divisent, qui fragmentent,
qui calibrent, qui empêchent
et désagrègent le si peu d’humanité qu’il restait ?
Je
Tue
Il
d’un simple revers de la main,
d’une simple décision d’Homme.
Parce qu’il y a bien des Hommes qui, depuis leurs bureaux, ont lancé ces cailloux-là.
pour « faire bloc »
contre.
Des géants aux frondes géantes et si horriblement précises.
Plus rien de poésie. Plus rien d’enfance.
Alors bien sûr on ne se reconnaît plus.
Bien sûr, ce sont les grondements.
Nous dessinons, nous écrivons,
et sur nos traits d’équilibre, chacun de nos mots funambulent
comme ils peuvent.
Mais qu’aucune déchirure ne nous fasse regretter nos pages.
Devenus grands, nous dessinons, nous écrivons,
et nous faisons bloc AVEC.
Thomas Scotto, février 2017, pour l’Association Encrages
Illustrations Magali Attiogbé.