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Soir de lecture à Luçon

Le 10 octobre 2013, à la médiathèque de Luçon,

à 20 h 30.

Une soirée d’inauguration, pour une résidence, c’est un peu le premier pas du voyage. Il y a les amis, la famille, d’autres personnes pour faire connaissance.

J’ai proposé, pour ce moment-là, une lecture théâtralisée.
Et les bibliothécaires ont dit « oui ».
Elles ont dit : oui !
C’est dire si elles ont confiance… !

Une lecture théâtralisée.
Pas n’importe laquelle, bien sûr…

J’aime l’écriture de Cathy Ytak, ce n’est plus un secret pour personne.
Ses engagements, sa précision, la violence sourde, parfois, entre les lignes, son regard affûté sur l’être humain. Une écriture où la vie remporte toujours le combat.
Ce n’est plus un secret pour personne, non plus : nous écrivons parfois ensemble ! Nous avons trouvé ce terrain-là, de partage. Un terrain vague (mais joli) que nos propres univers viennent enrichir.

Pas n’importe quelle lecture, bien sûr…
Un texte audacieux, des mots qui ne trichent pas, qui bousculent sans aucun doute mais avec tellement de justesse.
Un texte pour grands adolescents et adultes.

25sept13

50 minutes avec toi, de Cathy Ytak

« Les secondes s’égrènent et t’es toujours là, devant moi, immobile.
Moi aussi je suis immobile, mais vivant. Je ne respire pas très bien. Mon souffle est haché, emprisonné. Je ne ressens rien.
Je ne sais pas combien de minutes il va falloir que j’attende avant d’être sûr, vraiment sûr que t’es mort. J’ai presque envie de dire : crevé, mais j’ose pas. Mort, c’est mieux, c’est normal. Crevé, on dit ça d’un chien. » […]

Le père s’écroule à ses pieds. Le fils n’appelle pas les secours.
Au lieu de cela, il s’adresse à ce père violent.
Un monologue qui parle de maltraitance, d’homophobie, mais aussi d’amour et de résilience.
Pour l’espace scénique, j’ai demandé à quelqu’un dont je connais bien la sensibilité, et avec qui j’ai souvent eu la chance de partager des projets…  Gingolph Gateau.
Pour plonger les paupières grandes ouvertes dans le coin de son cerveau, la porte dérobée de son blog est… là.
Lecture de Thomas Scotto.
Texte de Cathy Ytak, éditions Actes Sud, coll « D’une seule voix ».
Scénographie de Gingolph Gateau.

Jeudi 10 octobre 2013,  à 20 h 30.
Médiathèque Intercomunale Pierre Menanteau
3 rue adjudant Barrois
85400 Luçon.
Tel 02 51 56 10 09

www.bibliotheque-lucon.fr

Le plaisir de ta voix…

Septembre, c’est le mois où il faut penser à reprendre la route…
Parfois devant ou derrière la caravane de nos livres.
Grâce à ceux qui les proposent, à ceux qui leur trouvent des yeux…

Pour cette rentrée, j’aimerais « officialiser » ce que j’aime dans les rencontres :
le moment pour les oreilles.

J’aime lire. Terriblement ! Pour petits, grands et adultes, pour cet instant suspendu.
Peut-être parce que c’est comme cela que j’écris… à haute voix.

Lire pour la musique, pour les graves ou les aiguës, pour donner un peu plus de mon identité aux silences et aux rires des histoires…

Et tout cela ne vient pas de nulle part, je crois…

Le texte qui suit a été écrit à l’occasion des dix ans du salon du livre de Contrexéville.
Des mots, surtout, pour une maman qui m’a toujours entouré d’histoires.
À bientôt donc, en mots, en vrai et en voix !

« Flash-back.
Je ne sais pas si tu te souviens.
Je n’avais pas encore de sœurs et les rideaux de ma chambre portaient des ancres
et des grandes roues de bateau pirate.
C’était un deuxième, un troisième étage peut-être. C’était très haut !
Pourtant, j’étais persuadé que King Kong passerait son bras gigantesque par la fenêtre pour me capturer pendant la sieste. Rien de plus facile pour lui : il l’avait déjà fait quelques jours auparavant dans une des publicités, au cinéma, avant « Le livre de la Jungle ».
Alors je me refusais à dormir, pour lutter jusqu’au bout.
Je ne voulais pas finir mon après-midi dans un sac des chaussures « André ».
Pas avant d’avoir atteint l’heure du goûter.
Par deux fois je m’étais déjà électrocuté un peu.
La première pour courir plus vite, enfin pour avoir un pouvoir qui ressemble à ça.
La seconde en voulant épater la voisine. Tellement fier de ma nouvelle lampe de bureau, en fer, qui avait un faux contact et je n’étais pas encore au courant.

Papa ramenait des cadeaux de ses voyages de boulot et je suppose qu’on passait tous nos moments de journées sans école ensemble.
À écouter des disques dans un engin qui les mangeait vraiment, ceux d’une chanteuse qui chante encore aujourd’hui, à faire le gâteau de Mickey comme sur la recette, à te taper sur les nerfs aussi fort que sur mon établi en bois…

Je ne sais pas si tu te souviens, c’était orange dans ma chambre.
Un espace immense… un lever de soleil perpétuel sur le calendrier des jours.
Et puis, il y a eu cette cassette.
Blanche. Avec deux étiquettes, Face A, Face B au feutre qui ne s’efface pas. Pour mon anniversaire.
Je n’ai jamais manqué d’histoires dans les coffres de ma chambre.
Ta voix n’a pas changé quand tu parles de ce que tu aimes.
Là, il y en avait cinq nouvelles sur la bande.
Je me suis installé dans mon lit.
J’ai appuyé sur les boutons pour que ça démarre.
Il y avait bien cinq histoires sur la cassette blanche et c’est toi qui les racontais.
Plus tard, il y aurait des kilomètres de dimanches matin.
La joie maligne d’être réveillé le premier.
Le silence dans la maison.
Et, toujours sous la couette, le moment des histoires sur cassettes.
Plus tard encore, mon écriture à haute voix.

Je ne sais pas si tu te souviens, mais je suis entré dans les mots par cette porte-là, le plaisir de ta voix. »
Thomas Scotto.